Confédération de demain 2021 – La fédération canadienne face à l’enjeu des changements climatiques

Sommaire

Avant que n’éclate la pandémie de COVID-19, les changements climatiques s’étaient imposés parmi les principaux sujets de préoccupation des Canadiens. Un an plus tard, la situation a complètement changé et c’est évidemment la crise sanitaire qui éclipse tous les autres enjeux. La plupart des Canadiens n’en continuent pas moins de soutenir les mesures de lutte contre les changements climatiques, y compris le remplacement graduel des combustibles fossiles par des énergies renouvelables. Depuis deux ans, l’appui aux politiques climatiques d’Ottawa a même progressé dans chacune des provinces qui ont contesté la tarification du carbone devant les tribunaux.

Et si les avis sur la question restent quelque peu partagés, ils divergent non seulement entre les régions mais au sein même de chaque province et région du pays.

L’environnement et l’économie

Vaut-il mieux protéger l’environnement ou les emplois ? La question divise les Canadiens en deux camps égaux. Par rapport au début de 2020 (soit avant la pandémie), ceux qui privilégient l’environnement sont toutefois un peu moins nombreux dans chaque province et territoire, sauf en Nouvelle-Écosse.

Dans la plupart des provinces, la proportion de Canadiens qui jugent plus important de protéger l’environnement que les emplois est assez proche de la moyenne nationale, ce qui dénote un faible écart entre les régions. À deux exceptions près : en Nouvelle-Écosse, où l’appui à la priorisation de l’environnement est sensiblement plus élevé, et en Alberta, où il est sensiblement moindre. Cet appui reste supérieur à la moyenne dans les trois territoires.

Moyens de lutte contre les changements climatiques : réduire progressivement l’utilisation des combustibles fossiles ?

Partout au pays, une majorité relative de Canadiens privilégient une approche des changements climatiques qui prévoit une réduction progressive de l’utilisation des combustibles fossiles. Moins nombreux sont ceux qui soutiennent l’option présentée dans le sondage d’une réduction rapide (même au prix de pertes d’emplois dans des secteurs comme ceux du pétrole et du gaz) et la troisième option qui propose de ne pas trop se soucier de réduire l’utilisation des combustibles fossiles (pour protéger les emplois). Les avis sur la question ont très peu changé depuis l’an dernier.

Si l’option d’une réduction graduelle arrive partout en tête, celle d’une réduction rapide donne lieu à certaines variations. Le Québec est ainsi la seule province où elle se classe au deuxième rang. En Ontario et en Colombie- Britannique, on appuie dans des proportions semblables l’option d’une réduction rapide et celle de ne pas trop se soucier de réduire, alors qu’on soutient beaucoup plus fortement cette dernière (ne pas trop se soucier de réduire) en Alberta et en Saskatchewan.

Des divergences aussi marquées que prévisibles s’observent aussi entre partisans des différents partis politiques fédéraux. Ceux du Parti libéral, du NPD, du Parti vert et du Bloc québécois privilégient très majoritairement l’élimination des combustibles fossiles pour lutter contre les changements climatiques, les avis différant quelque peu sur le rythme rapide ou graduel de leur abandon. En revanche, ceux du Parti conservateur sont beaucoup plus divisés sur la nécessité même d’éliminer les combustibles fossiles.

Mais il ne suffit pas d’observer que l’enjeu des changements climatiques divise les Canadiens par région et appartenance politique. D’abord parce qu’il y a d’importants écarts entre les partisans du Parti conservateur ou des formations de droite des différentes régions du pays. Ensuite parce que l’ampleur des divergences partisanes est très variable. Moins apparentes au Québec que partout ailleurs, elles sont beaucoup plus marquées en Ontario et en Colombie-Britannique, atteignant un sommet en Saskatchewan et surtout en Alberta. Si la moyenne des Albertains privilégie ainsi d’autres options que les Québécois, le clivage gauche- droite démontre aussi une division profonde au sein même de l’Alberta.

Priorités de la lutte contre les changements climatiques

Tout comme en 2020, les points d’accord et de désaccord sur les priorités d’une stratégie climatique se répartissent cette année dans l’ensemble du pays.

D’une part, la préservation de la vigueur des économies régionales est généralement perçue comme la grande priorité partout au pays. Dans chaque région, le maintien de faibles taux d’imposition figure aussi parmi les trois premières priorités. À l’autre bout du spectre, la mesure visant à minimiser l’interférence gouvernementale dans l’économie de libre marché se classe partout au dernier ou à l’avant-dernier rang.

D’autre part, d’importants écarts s’observent sur la priorité à donner au respect des cibles internationales de réduction des gaz à effet de serre ou à la protection des emplois dans l’industrie pétrolière et gazière. Le respect des cibles de réduction figure partout parmi les quatre premières priorités, à l’exception notable de Terre-Neuve-et-Labrador, de la Saskatchewan et de l’Alberta. À l’inverse, la protection des emplois de l’industrie pétrolière et gazière se classe en queue de peloton au Québec, au Manitoba et en Colombie- Britannique, mais elle est jugée nettement plus prioritaire à Terre-Neuve-et-Labrador, en Saskatchewan, en Alberta et dans le Nord.

Pour autant, ces divergences d’avis n’opposent pas nécessairement l’Ouest au reste du pays puisque certains des plus grands écarts s’observent au sein même de cette région (l’Alberta, par exemple, divergeant d’avis avec le Manitoba et la Colombie-Britannique). C’est dans le Nord, en Alberta et à Terre-Neuve-et-Labrador qu’on juge surtout prioritaire d’intégrer la protection des emplois de l’industrie pétrolière et gazière à toute stratégie climatique. Et c’est au Québec, au Manitoba et en Colombie-Britannique qu’on privilégie le moins cette approche.

Confiance à l’égard des gouvernements fédéral et provinciaux

À l’heure actuelle, seulement le tiers des Canadiens font davantage confiance à Ottawa pour prendre les meilleures décisions en matière de stratégie climatique. Un peu plus du quart font tout autant confiance à Ottawa et à leur gouvernement provincial ou territorial, un cinquième ne se fient à aucun des deux ordres de gouvernement, et ils sont encore moins nombreux à faire davantage confiance à leur gouvernement provincial ou territorial.

Soulignons que depuis 2019, la proportion de Canadiens qui font davantage confiance à Ottawa sur cette question a augmenté dans chacune des provinces qui ont mené la contestation de la politique fédérale de tarification du carbone devant les tribunaux, l’augmentation la plus forte s’observant en Saskatchewan et en Alberta.

Cette confiance est mieux répartie sur la question de la gestion des ressources énergétiques, environ le quart des Canadiens se fiant davantage à leur gouvernement provincial ou territorial, la même proportion faisant tout autant confiance aux deux ordres de gouvernement ou se fiant principalement à Ottawa. Mais de nouveau, les avis par province ont évolué, surtout en Alberta et en Saskatchewan. Ainsi, la proportion des Albertains qui se fient surtout à Ottawa pour gérer les ressources énergétiques a triplé depuis 2019. Et si les Albertains comme les Saskatchewanais restent nettement plus enclins à faire confiance à leur gouvernement provincial plutôt qu’à Ottawa, l’écart entre ces deux points de vue a diminué depuis deux ans.

Consultez le rapport complet ICI

315, rue Sainte-Catherine Est
Montréal, QC H2X 3X2

514 987-3000 poste 1609
capcf@uqam.ca

Lundi au vendredi : 8h à 17h

Abonnez-vous à l'infolettre

La mission du CAP-CF

Produire un savoir innovant, analytique et normatif sur les enjeux constitutionnels contemporains au Canada et dans les autres fédérations. En savoir plus