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La pandémie de COVID-19 a confronté tous les gouvernements du pays à des défis colossaux. Leur priorité actuelle demeure la lutte à la transmission du virus et l’accélération de la campagne de vaccination, mais ils préparent aussi l’avenir en examinant les mesures nécessaires pour relancer l’économie. Dans ce contexte, il est frappant de constater que l’avis des Canadiens sur le rôle des gouvernements et la collaboration entre ceux-ci a peu évolué depuis le début de la pandémie. En particulier, la plupart restent favorables au caractère décentralisé de la fédération. Même s’ils soutiennent majoritairement l’augmentation des transferts fédéraux en matière de santé, de soins aux aînés et de garde d’enfants, ils restent plus partagés sur l’obligation pour les provinces et territoires d’adhérer à des normes nationales pour recevoir ces transferts.
Taille et impact des gouvernements
Depuis deux ans, les Canadiens ont conservé le même avis sur la taille des gouvernements. Dans chaque province, une majorité simple privilégie le statu quo, l’option d’un gouvernement de plus grande taille arrivant au deuxième rang et celle d’un gouvernement de plus petite taille au tout dernier. Si les citoyens des villes d’au moins un million d’habitants préfèrent plus souvent un gouvernement élargi « offrant plus de services », seul un Canadien sur cinq de l’ensemble des municipalités privilégie un gouvernement réduit « offrant moins de services ».
À l’heure où plusieurs s’inquiètent de la polarisation politique, on notera qu’aucune des deux options sur la taille des gouvernements (plus grande ou plus petite) ne recueille une majorité d’appuis chez les partisans des principaux partis fédéraux. Dans chacun des partis, environ la moitié favorisent le statu quo ou se disent sans opinion, l’autre moitié se partageant également entre les deux options.
Pour ce qui est de l’impact des gouvernements, on n’observe actuellement aucun consensus parmi les Canadiens. C’est en proportions presque égales qu’ils considèrent que les gouvernements ont un impact positif ou négatif sur « la vie de la plupart des gens ». Mais leur opinion a légèrement évolué depuis 2019, puisqu’ils sont aujourd’hui moins nombreux à juger cet impact négatif.
Les résidents des provinces des Prairies sont plus susceptibles d’affirmer que les gouvernements ont un impact négatif sur leur vie, alors que ceux du Québec, des provinces de l’Atlantique et des territoires sont les moins enclins à partager cet avis. Les citoyens des villes d’au moins 200 000 habitants parlent plus souvent d’un impact positif, la tendance s’inversant dans les villes moins peuplées.
Partage des pouvoirs au sein de la fédération
La pandémie n’a pas amené les Canadiens à changer d’avis sur le partage optimal des pouvoirs au sein de la fédération. La plupart restent favorables à son caractère décentralisé, et ils sont relativement peu nombreux à juger nécessaire de transférer à Ottawa certains des pouvoirs de leur province ou territoire. En fait, malgré le rôle décisif qu’Ottawa a joué pendant la crise sanitaire en assurant un soutien d’urgence, la proportion de Canadiens qui privilégient une fédération plus centralisée est aujourd’hui légèrement inférieure à ce qu’elle était avant la pandémie.
Comme toujours, les Québécois sont plus enclins à juger que leur province devrait assumer plusieurs des responsabilités qui échoient au gouvernement fédéral. Mais au Québec comme dans le reste du pays, les Canadiens sont relativement peu nombreux à souhaiter un transfert des pouvoirs à Ottawa.
Si les avis ont peu évolué à l’échelle du pays, on observe des changements plus marqués dans certaines provinces. Plus précisément en Alberta et en Saskatchewan, où le soutien à l’accroissement des pouvoirs provinciaux a sensiblement reculé depuis deux ans. On continue toutefois d’y appuyer plus fortement la décentralisation que partout ailleurs sauf au Québec.
Normes et programmes nationaux
Si le montant des transferts fédéraux vers les provinces et territoires a toujours suscité débats et tensions entre les deux ordres de gouvernement, la pandémie a fait ressortir l’urgence d’une véritable solution. Car les systèmes de santé provinciaux et territoriaux croulent sous la pression alors même que la crise sanitaire a révélé les faiblesses du filet social canadien, notamment en matière de garde d’enfants et de soins aux aînés.
C’est dans ce contexte que le Sondage de 2021 auprès des Canadiens sur la Confédération de demain fait état d’un appui massif à l’augmentation des transferts fédéraux en matière de santé, de soins aux aînés et de garde d’enfants vers les provinces et territoires. Les avis sont toutefois plus partagés sur le caractère conditionnel de ces transferts. Environ 40 p. 100 des Canadiens estiment qu’Ottawa doit mieux financer les provinces et territoires tout en leur permettant de dépenser ces fonds à leur guise pour améliorer leurs propres services. Pour le tiers environ, le gouvernement fédéral doit définir un même ensemble de normes pour les services fournis dans chacun des trois domaines, puis augmenter ses transferts uniquement vers les provinces et territoires qui respectent ces normes.
Comme souvent sur ces questions, les Québécois divergent d’opinion avec le reste des Canadiens. Ils sont ainsi deux fois plus nombreux à soutenir les transferts sans condition plutôt que les transferts conditionnels à l’application de normes nationales. Ailleurs au pays, leurs compatriotes se partagent presque également entre les deux options.
On observe d’autres divergences entre les provinces et régions hors du Québec, qui peuvent toutefois varier selon les trois domaines de financement cités dans le sondage. En Ontario, par exemple, où les soins aux aînés ont fortement retenu l’attention pendant la pandémie, la tendance favorise légèrement les transferts conditionnels au respect de normes nationales plutôt que sans condition.
Comme on peut s’y attendre, les avis sur cette question varient selon l’adhésion aux principaux partis fédéraux. Les partisans du Bloc québécois sont ainsi les plus favorables aux transferts sans condition, suivi par ceux du Parti conservateur. Mais seuls les premiers privilégient majoritairement cette option. Sauf chez les bloquistes, les avis sur la conditionnalité des transferts fédéraux divergent aussi bien entre les principaux partis qu’au sein de chacun d’eux.
Le financement des programmes sociaux soulève un deuxième enjeu, qui concerne la possibilité pour les provinces de se retirer d’un nouveau programme national tout en recevant des fonds fédéraux pour établir elles- mêmes un programme semblable. La moitié des Canadiens sont d’accord pour assurer ce droit de retrait aux provinces, contre trois sur dix qui s’y opposent. C’est au Québec que le niveau d’accord est le plus élevé, suivi de très près par l’Alberta et la Saskatchewan. Ce niveau d’accord est plus ou moins identique à ce qu’il était au début des années 2000, soit la dernière fois que la question fut posée.
Le soutien au « droit de retrait » relève aussi de l’idéologie politique, mais de façon différente dans les deux parties du pays. À l’extérieur du Québec, c’est le clivage traditionnel entre la gauche et la droite qui prévaut. La plupart des Canadiens (hors Québec) qui se situent à la droite de l’échiquier politique estiment que les provinces doivent profiter d’un droit de retrait avec compensation, contrairement à la majorité de ceux qui s’identifient à la gauche. Mais ce clivage gauche-droite n’a aucun effet sur l’avis des Québécois. Sans surprise, leur appui au droit de retrait est fortement lié à une toute autre forme d’idéologie : l’appui à la souveraineté de la province.
Confiance à l’égard des gouvernements fédéral et provinciaux ou territoriaux
En ce qui concerne la gestion du système de santé, la pandémie n’a pas vraiment changé l’opinion des Canadiens sur l’ordre de gouvernement qu’ils jugent le plus apte à agir dans le domaine. Les avis restent toutefois partagés, le tiers d’entre eux faisant surtout confiance à leur gouvernement provincial ou territorial, le quart faisant tout aussi confiance aux deux ordres et le cinquième privilégiant le gouvernement fédéral. On observe des proportions semblables concernant la capacité de prendre de bonnes décisions pour gérer la pandémie, malgré des variations considérables à l’échelle du pays. C’est ainsi dans les Territoires du Nord-Ouest, en Nouvelle-Écosse, au Québec et à l’Île-du-Prince-Édouard qu’on fait le plus fortement confiance à son gouvernement provincial ou territorial, alors que la confiance qu’inspire le gouvernement fédéral est à son plus haut niveau en Alberta et en Saskatchewan.
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