Le mal-être canadien / Canada’s Soul-Searching

André Burelle, ancien conseiller des gouvernements Trudeau et Mulroney

Titre en français : Le mal-être canadien. Essais et devoirs de mémoire

Titre en anglais : Canada’s Soul-Searching. Essays and remembrance articles

Collection : Les Cahiers du CAP-CF

Date de publication : 7 décembre 2023

Mot d’André Burelle : 

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais, au départ, remercier Alain Gagnon d’avoir rendu possible la parution d’un cahier du CAP-CF signé par moi et intitulé en français Le mal-être canadien et en anglais Canada’s Soul-Searching.

Ce cahier bilingue relève de la recherche-action menée dans les coulisses du pouvoir et reprend, pour l’essentiel, les idées exposées dans mon livre Le mal canadien.

Cet ouvrage, publié six mois avant le référendum québécois d’octobre 1995, proposait un rééquilibrage partenarial de la fédération canadienne mis au point par l’équipe de recherche que j’ai dirigée au Bureau des Relations fédérales-provinciales de Montréal, en guise de réponse fédérale au Rapport de la Commission Bélanger-Campeau. Mais comme le gouvernement Chrétien avait décidé de forcer les Québécois à choisir entre le Canada one nation de Pierre Elliott Trudeau et la souveraineté pure et dure de Jacques Parizeau, Le mal canadien fut boycotté par Ottawa et la presse canadienne et québécoise.

L’unique exception fut le quotidien Le Devoir dirigé par Mme Bissonnette, dont je salue ici le courage et l’ouverture de cœur et d’esprit. Du côté du Canada anglais, malgré tous les efforts déployés par mes amis John Trent et Ralph Heintzman, il fut impossible de trouver une maison d’édition prête à assurer une traduction du Mal canadien pour le rendre accessible au grand public en même temps qu’aux étudiants et chercheurs unilingues anglophones du Canada.

Cela n’empêcha pas Charles Taylor et John McCallum de rédiger au lendemain de la quasi-victoire souverainiste d’octobre 1995, un manifeste intitulé Making Canada Work Better/Réadapter le Canada qui se réclamait nommément du Mal canadien. Et pour étoffer ce manifeste signé par 22 des plus grands noms du Canada anglais, Charles Taylor a une fois de plus tenté, mais en vain, de faire traduire Le mal canadien. Découragé, il m’a écrit à l’époque un petit mot amical que je vous lis, car il en dit long :

Mon cher André, c’est proprement incompréhensible le mur d’obstination devant la traduction de votre livre. Vos idées sont de plus en plus influentes dans les milieux élites du ROC. Je ne peux comprendre les racines de la résistance. Quos vult perdere démentat (Dieu commence par rendre fous les gens dont il veut la perte.)

Le mur de silence dont parle Taylor entoura également mon livre Pierre Elliot Trudeau, l’intellectuel et le politique. Et c’est ce gros ouvrage paru en 2005 qu’Alain Gagnon a tenté de faire traduire au lendemain du colloque organisé par l’UQAM sur l’histoire de la pensée fédéraliste contemporaine au Québec. Mais la tâche s’est avérée trop onéreuse, mon livre n’étant pas éligible aux aides à la traduction réservées aux seuls chercheurs universitaires dûment patentés.

Qu’à cela ne tienne, les deux cahiers lancés aujourd’hui mettent entre les mains de nos compatriotes unilingues anglophones l’essentiel des idées avancées dans Le mal canadien.

Comme depuis l’échec de Meech, le Canada, le Québec et les peuples autochtones sont enfermés dans un statu quo constitutionnel bancal et frappé d’illégitimité aux yeux de l’Assemblée nationale du Québec, je formule le vœu que ces deux cahiers aident, à leur manière, à penser et mettre en œuvre un rééquilibrage partenarial de la fédération canadienne fidèle à notre histoire en même temps qu’aux défis continentaux et planétaires de notre temps.

Permettez-moi en terminant de rendre hommage à tous mes collègues chercheurs et chercheuses du BRFP. Un gros merci à David Cohen, Diane Morissette et Simon Prévost. Un gros merci aussi à l’économiste Jac-André Boulet, trop tôt disparu, et qui fut l’âme dirigeante des consultations que nous avons tenues durant deux ans, auprès d’une cinquantaine d’universitaires et de décideurs du Québec et du ROC. Sans oublier Anne Michelle Meggs qui se joignit un moment à notre petite équipe du BRFP. Sans oublier surtout André Juneau qui fut, avec sa compagne Laura Chapman et le jeune constitutionnaliste Fred Caron, mon irremplaçable bras droit tout au long de la négociation de l’Accord Canada Québec sur l’immigration et l’admission temporaire des aubains.

Les idées exposées dans le cahier bilingue lancé aujourd’hui sont les miennes, mais elles sont aussi celles de tous ces collaborateurs et collaboratrices qui ont su les habiter de l’intérieur avec une créativité et un courage qui les honore.

Merci enfin à mes enfants Yan, Mathieu et Julie et à leur mère décédée Nicole Proulx. Ils m’ont accompagné et entouré de leur amour à une époque où être fédéraliste au Québec n’était pas une sinécure.

À tout ce beau monde, je lève respectueusement mon chapeau.

André Burelle

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A. Burelle_Le mal-être canadien_Français

 

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A. Burelle_Canada's Soul-Searching_English

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