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Avant l’apparition de la pandémie de COVID-19 au Canada, au début 2020, les manchettes portaient principalement sur les manifestations liées aux Autochtones revendiquant leurs droits ancestraux en matière d’exploitation des ressources naturelles. L’urgence sanitaire a bientôt éclipsé leurs revendications, sans nécessairement les faire tomber dans l’oubli. Car depuis, les Canadiens non autochtones se montrent à la fois plus favorables à ces droits et plus préoccupés par la lenteur des progrès de la réconciliation avec les peuples autochtones. Ils sont aussi plus nombreux à penser que chaque citoyen doit jouer un rôle dans le processus de réconciliation.
Ce rapport résume les avis exprimés par des Canadiens autochtones et non autochtones. Précisons que ses conclusions sont tirées d’un sondage mené avant la découverte en mai 2021 des restes de 215 enfants autochtones sur le site de l’ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique.
Attachement des Autochtones à leurs nations et communautés
Une nette majorité d’Autochtones (70 p. 100) se disent plutôt ou très attachés à leur propre nation ou communauté autochtone. Cet attachement est particulièrement fort chez les jeunes, surtout ceux qui s’identifient comme Métis.
Une majorité d’entre eux se disent très attachés au Canada et près de 90 p. 100 se disent assez ou très attachés au Canada. Cet attachement est même plus fort chez les jeunes Autochtones que chez les autres jeunes du pays.
À noter que les sentiments se recoupent chez la plupart des Autochtones, près des deux tiers se disant attachés au Canada tout autant qu’à leur nation ou communauté.
Leadership et représentation
Les deux tiers des Autochtones font beaucoup ou un peu confiance aux leaders des organisations autochtones.
Cette confiance s’exprime le plus fortement chez ceux qui s’identifient comme Inuits, mais elle est aussi relativement élevée chez ceux qui s’identifient comme Métis ou membres des Premières Nations. Les Autochtones sont ainsi nettement plus enclins à faire confiance à leurs propres leaders qu’aux autres dirigeants politiques ou aux gouvernements.
S’ils font beaucoup plus confiance aux leaders des organisations autochtones que les autres Canadiens, les Autochtones sont moins enclins que ceux-ci à faire confiance aux autres dirigeants politiques ou aux gouvernements. Par rapport aux Canadiens non autochtones, ils tendent aussi à faire davantage confiance aux dirigeants des groupes environnementaux.
Pour ce qui est du gouvernement qui représente le mieux leurs intérêts, Canadiens autochtones et non autochtones se montrent tout aussi hésitants. Chez les Autochtones, une faible majorité relative estiment que leurs intérêts sont mieux défendus par leur gouvernement provincial ou territorial, mais presque autant citent leur gouvernement autochtone. Moins nombreux sont ceux qui citent le gouvernement fédéral. À une mince majorité relative, ceux qui s’identifient comme membres des Premières Nations citent leur gouvernement autochtone.
État actuel des relations entre Canadiens autochtones et non autochtones
Les Canadiens divergent passablement d’avis sur l’état des relations entre peuples autochtones et non autochtones, même s’ils sont plus enclins à les juger négativement que positivement. Près de la moitié estiment ainsi qu’elles sont plutôt ou très négatives. L’évaluation s’était quelque peu assombrie dans la première moitié de 2020 par suite du conflit sur les droits ancestraux de la nation wet’suwet’en, qui avait provoqué manifestations et blocages partout au pays, mais elle s’est légèrement améliorée depuis.
À l’heure actuelle, les Autochtones sont plus enclins que les autres Canadiens à juger favorablement ces relations. Ce qui marque une évolution par rapport à l’an dernier, quand les deux groupes étaient d’avis à peu près semblable.
Les différends entre gouvernements autochtones et non autochtones portent souvent sur le contrôle des terres (ou des océans) et de leurs ressources. Mais les Canadiens eux-mêmes restent largement favorables au principe selon lequel l’exploitation des ressources en territoire autochtone nécessite le consentement des communautés qui y vivent. Aujourd’hui, sept Canadiens sur dix estiment ainsi qu’on ne peut exploiter ces ressources sans leur accord.
Progrès de la réconciliation
À deux contre un, les Canadiens sont plus enclins à considérer que les gouvernements du pays ne sont pas allés assez loin pour favoriser la réconciliation avec les peuples autochtones qu’à juger qu’ils sont allés trop loin. C’est surtout dans le Nord où la proportion qui juge les efforts insuffisants est la plus élevée, et dans l’Ouest où cette proportion est la moins élevée.
La proportion de Canadiens qui jugent ces efforts insuffisants a augmenté depuis un an, dans l’ensemble du pays comme dans chaque région. C’est dans les provinces atlantiques que cette progression est la plus marquée, notamment en Nouvelle-Écosse.
Pour 70 p. 100 des Canadiens, chaque citoyen a aussi un rôle à jouer dans le processus de réconciliation, soit la plus forte proportion depuis deux ans.
Parallèlement, 60 p. 100 disent connaître l’histoire des pensionnats autochtones au Canada, tout particulièrement les 18-24 ans. Chez les non-autochtones, ceux qui disent connaître très bien cette histoire sont plus enclins que ceux qui la connaissent moins à dire que les Canadiens ont un rôle à jouer pour faire avancer la réconciliation.
Enfin, les Canadiens sont légèrement plus enclins à se montrer optimistes que pessimistes face à la possibilité d’une véritable réconciliation. Un peu plus de la moitié se disent ainsi plutôt ou très optimistes quant aux progrès qui seront accomplis dans les dix prochaines années. Un optimisme que partagent en proportions semblables Canadiens autochtones et non autochtones.
Consultez le rapport complet ICI