Résumé
L’un des principaux objectifs du projet d’enquête Confédération de demain est de suivre les hauts et les bas réguliers des tensions fédérales-provinciales et interrégionales au Canada. Le sondage le plus récent, mené en février 2021, avait cependant un objectif supplémentaire : évaluer si le début de la pandémie de COVID-19 a modifié les attitudes des Canadiens à l’égard du fédéralisme. Les réponses fédérales, provinciales et territoriales à la crise ont-elles atténué ou exacerbé le mécontentement du public à l’égard du fonctionnement du fédéralisme au Canada? L’enquête de 2021 révèle beaucoup plus de cohérence que de changement dans les attitudes des Canadiens à l’égard du fédéralisme.
Par exemple, dans l’ensemble, les opinions sur la façon dont l’économie devrait être gérée au sein de la fédération, sur les avantages du fédéralisme pour sa province ou son territoire ou sur la capacité des Canadiens à résoudre leurs différends ont peu changé. Une modeste exception à cette tendance est que, dans de nombreuses provinces, les proportions indiquant que leur province reçoit moins que sa juste part des dépenses fédérales ont diminué.
Dans les cas où des changements d’attitudes sont évidents, ceux-ci poursuivent généralement des tendances à plus long terme qui ne peuvent pas être directement liées à la réponse à la pandémie. C’est le cas, par exemple, avec des inquiétudes au sujet de la langue française au Québec, ou avec le déclin du soutien à certaines des positions des gouvernements provinciaux en Alberta et en Saskatchewan.
Respecter et influencer
Les résidents de Terre-Neuve-et-Labrador, de l’Alberta et de la Saskatchewan continuent d’enregistrer certains des niveaux les plus élevés de mécontentement à l’égard du traitement de leur province au sein de la fédération, mais dans chaque cas, l’ampleur de ce mécontentement a quelque peu diminué depuis 2019. Les évaluations du traitement de leur province dans le la fédération s’améliorent également dans les provinces maritimes; notamment, pour la première fois depuis que la question a été posée pour la première fois au début des années 2000, les Néo-Écossais sont plus susceptibles de dire que leur province est traitée avec le respect qu’elle mérite qu’ils ne le sont de dire qu’elle ne l’est pas. Alors que les opinions en Colombie-Britannique sur la place de la province dans la fédération ont très peu changé au cours de la dernière année, la tendance à long terme vers une amélioration remarquable se poursuit.
La proportion de Britanno-Colombiens affirmant que leur province n’est pas traitée avec le respect qu’elle mérite n’est que la moitié moins importante aujourd’hui qu’il y a 20 ans. Au-delà de ces tendances à plus long terme, un changement à plus court terme est évident : dans la majorité des provinces, les proportions déclarant recevoir moins que leur juste part des dépenses fédérales ont diminué. Cela peut être le résultat des mesures de dépenses d’urgence introduites par Ottawa en réponse à la pandémie de COVID-19.
L’équité dans la fédération
Les Canadiens sont plus de deux fois plus susceptibles de dire que le gouvernement fédéral actuel favorise une province par rapport aux autres que de dire qu’il traite toutes les provinces du Canada de manière égale. Néanmoins, la proportion affirmant que le gouvernement fédéral favorise une province par rapport aux autres est en baisse constante depuis 2005.
La très grande majorité de ceux qui disent que le gouvernement fédéral favorise une province plutôt qu’une autre identifient l’une des deux provinces du centre du Canada comme étant celle qui est favorisée. Bien qu’il y ait eu peu de changement dans les opinions sur cette question depuis 2019, les changements sont plus perceptibles lorsque les résultats actuels sont comparés à 2014 – avant le changement de gouvernement fédéral qui a résulté des élections de 2015. En 2014, parmi ceux qui disaient que le gouvernement fédéral favorisait une province plutôt qu’une autre, l’Alberta était plus susceptible que le Québec d’être identifiée comme la province favorisée. Aujourd’hui, c’est l’inverse qui est vrai.
Parmi ceux à l’extérieur du Québec, les opinions quant à la province qui est favorisée diffèrent remarquablement selon l’âge. Les jeunes Canadiens (en gros ceux de moins de 40 ans) sont beaucoup plus susceptibles que les Canadiens plus âgés de dire que l’Ontario est favorisé par le gouvernement fédéral par rapport aux autres provinces. Les Canadiens plus âgés (environ ceux de 50 ans et plus) sont beaucoup plus susceptibles de dire que le Québec est favorisé. Il est possible que cette tendance soit un effet persistant des débats constitutionnels des années 1980 et 1990, marqués en partie par les premier et deuxième référendums québécois sur la souveraineté en 1980 et 1995, respectivement. L’accent mis sur le statut constitutionnel du Québec au cours de ces premières décennies a peut-être laissé une impression durable dans l’esprit de ceux qui sont assez âgés pour s’en souvenir.
Soutien à la péréquation
Malgré les récentes critiques, une majorité de Canadiens continuent d’appuyer le programme de péréquation, avec peu de changement au cours des deux dernières années. Le programme est appuyé par des majorités dans toutes les provinces, y compris l’Alberta et la Saskatchewan. Mais, bien qu’il y ait eu peu de changement dans le soutien global depuis 2019, il y a eu des changements notables en Alberta et, dans une moindre mesure, en Saskatchewan : dans ces deux provinces, le soutien à la péréquation a augmenté. Notamment, le soutien à la péréquation en Alberta a augmenté parmi les partisans des partis au pouvoir et de l’opposition de la province.
Focus sur l’Ouest
Deux personnes de l’Ouest sur cinq conviennent que leur région devient si peu d’avantages à faire partie du Canada qu’ils pourraient autant faire cavalier seul – une proportion qui a légèrement augmenté depuis l’an dernier. L’accord a augmenté dans chacune des quatre provinces de l’Ouest : près d’un sur deux en Alberta et en Saskatchewan sont actuellement d’accord. Dans chacune des provinces des Prairies (Alberta, Saskatchewan et Manitoba), l’accord en 2021 selon lequel « l’Ouest canadien tire si peu d’avantages de faire partie du Canada qu’il pourrait tout aussi bien s’en sortir tout seul » est beaucoup plus élevé qu’en 2010, lorsque le gouvernement fédéral était dirigé par un premier ministre de l’Ouest canadien.
Seul une personne sur cinq est actuellement d’accord pour dire que le centre du pouvoir se déplace du centre du Canada vers l’ouest. L’accord avec cette proposition dans la région est plus faible qu’il ne l’était il y a vingt ans, particulièrement en Alberta.
Focus sur le Québec
Seule une minorité de Québécois s’identifient soit comme majoritairement fédéralistes, soit majoritairement souverainistes, car beaucoup préfèrent dire qu’ils se situent entre les deux options, ou ne s’identifient à aucune. Mais la proportion de « prendre parti » (fédéraliste ou souverainiste) a augmenté depuis 2020, suggérant que les opinions au Québec sur la question de la souveraineté se sont quelque peu polarisées au cours de la dernière année. Les Québécois francophones de moins de 40 ans sont plus susceptibles de dire qu’ils sont principalement fédéraliste que principalement souverainiste, mais même parmi ce groupe, l’option la plus favorisée est « entre les deux ».
Un Québécois francophone sur deux est d’accord pour dire que la souveraineté du Québec est une idée qui a fait son temps, mais plus d’un sur trois n’est pas d’accord. Le niveau d’accord n’a pas sensiblement changé au cours des 20 dernières années. Mais, chez les francophones du Québec, le sentiment que la langue française dans la province est menacée est beaucoup plus élevé qu’il y a 20 ans et tend à augmenter. Actuellement, trois Québécois francophones sur quatre conviennent que la langue française est menacée au Québec – le niveau de préoccupation le plus élevé jamais enregistré.
Soutien à l’indépendance
Plus d’un Québécois sur quatre affirme que sa province devrait se séparer du Canada et former un pays indépendant, tout comme un Albertain sur cinq. L’appui à l’indépendance est le plus faible dans les provinces maritimes et en Ontario. Le soutien à l’indépendance au Québec est légèrement plus élevé en 2021 qu’au début des années 2000, tandis qu’en Alberta, il y a eu peu de changement.
Les résidents plus âgés sont plus susceptibles que leurs homologues plus jeunes d’être en faveur de l’indépendance dans chacune des trois provinces des Prairies, mais pas en Colombie-Britannique. En fait, les jeunes résidents de la Colombie-Britannique sont environ deux fois plus susceptibles que leurs homologues plus jeunes des Prairies d’appuyer cette option.
Confiance dans les gouvernements fédéral et provinciaux
Les Canadiens continuent d’être beaucoup plus susceptibles de dire que leur gouvernement provincial ou territorial représente le mieux leurs intérêts, plutôt que le gouvernement fédéral ou leur administration municipale. En fait, ce modèle tient dans 12 des 13 provinces et territoires – l’exception étant l’Alberta, où une pluralité de résidents affirment qu’aucun gouvernement ne représente le mieux leurs intérêts. Les trois juridictions où les résidents sont les plus susceptibles de dire que leur gouvernement provincial ou territorial représente le mieux leurs intérêts (Territoires du Nord-Ouest, Québec et Île-du-Prince-Édouard) sont également parmi ceux dont les proportions les plus élevées déclarent faire davantage confiance à leur gouvernement provincial ou territorial pour gérer la pandémie .
Bien qu’il n’y ait eu que des changements mineurs dans les opinions globales depuis le début de la pandémie, la moyenne masque des changements plus importants au sein des juridictions individuelles. Dans les Territoires du Nord-Ouest, l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick, les proportions indiquant que leur gouvernement provincial ou territorial représente le mieux leurs intérêts ont considérablement augmenté. Dans quatre juridictions, la tendance va dans l’autre sens : les résidents du Nunavut, du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta sont tous légèrement moins susceptibles qu’en 2020 de dire que leur gouvernement provincial ou territorial représente le mieux leurs intérêts.
Malgré le choc économique déclenché par la pandémie de COVID-19, il y a eu peu de changement dans l’ensemble dans l’opinion des Canadiens sur la façon dont l’économie devrait être gérée au sein de la fédération. Les opinions demeurent assez partagées, un répondant sur trois faisant également confiance au gouvernement fédéral et à son gouvernement provincial ou territorial, et presque autant faisant davantage confiance à son gouvernement provincial ou territorial.
La Saskatchewan et l’Alberta font exception à la relative stabilité des opinions au niveau national : dans ces provinces, les proportions faisant davantage confiance au gouvernement fédéral pour promouvoir la croissance économique et créer des emplois ont considérablement augmenté. Ces changements se sont produits depuis 2019, et pas seulement au cours de la dernière année, ce qui indique qu’ils sont liés à des facteurs qui vont au-delà de la réponse à la pandémie de COVID-19.
Opinions sur le fédéralisme
L’expérience du pandémique ne semble pas avoir significativement influencé l’opinion des Canadiens sur les avantages du fédéralisme. La proportion d’accords pour dire que le fédéralisme présente plus d’avantages que d’inconvénients pour leur province ou territoire est en très légère hausse – mais, dans l’ensemble, les réponses à cette question sont similaires à celles observées en 2020 et en 2019. Il y a également eu une stabilité considérable dans les opinions sur deux sujets connexes. questions: celle de savoir si un système de gouvernement fédéral est le meilleur pour le Canada, parce que nous sommes un pays composé de peuples et de nations différents; et celle de savoir si les Canadiens seront en mesure de résoudre leurs différends internes.
Il est frappant de constater que le fédéralisme est plus fortement soutenu par les « nouveaux Canadiens » – qui sont moins susceptibles que ceux qui sont ici depuis plusieurs générations d’être d’origine britannique ou d’origine française (les deux peuples que la fédération canadienne devait à l’origine accueillir). La proportion convenant qu’« un système de gouvernement fédéral est le meilleur pour le Canada, parce que nous sommes un pays composé de peuples et de nations différents » est sensiblement plus élevée chez les immigrants de première génération, les Canadiens racialisés et les allophones. La même tendance s’observe dans le cas des questions sur les avantages du fédéralisme canadien et sur notre capacité à résoudre nos différends internes.
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