Recension du plus récent ouvrage de Félix Mathieu dans Le Devoir

Les Nations fragiles (2024, Éditions du Boréal) sous le regard critique et intelligent de Louis Cornellier dans Le Devoir d’aujourd’hui :

« Le statu quo constitutionnel ne nous satisfait pas, mais l’indépendance nous inquiète. On rêve donc d’une troisième voie, d’un statut particulier dans le Canada, de la reconnaissance du Québec comme société distincte. Rêve fou, mou, velléitaire ? On peut penser, au contraire, qu’il s’agirait d’une solution politiquement et moralement légitime.

C’est la thèse que défend Félix Mathieu avec brio dans Les nations fragiles (Boréal, 2024, 382 pages), un remarquable essai de science politique. Une nation veut vivre et se développer, ‘être l’architecte de son être et de son devenir politique’, c’est-à-dire s’autogouverner. Pour y arriver, elle peut devenir souveraine ou, c’est la thèse de Mathieu, être ‘reconnue comme un partenaire égal au sein d’une véritable démocratie multinationale’.
[…]
Si le Canada avait un réel souci de la justice et l’intelligence politique de comprendre que la reconnaissance du Québec contribue à sa stabilité, la nation québécoise pourrait peut-être s’épanouir en son sein.

Tout le problème est dans le ‘si’ de la phrase qui précède. Le Canada, en effet, surtout depuis 1982, ne remplit pas ces conditions. Mathieu est un politologue d’élite, mais, comme ses maîtres Alain-G. Gagnon et Guy Laforest avant lui, il parle dans le désert canadien. Le Canada ne tolère le Québec que soumis à son ordre. Il ne reste, dans ce cas, que l’autre option. »

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